Chers lecteurs, chères lectrices,
Lundi matin, dans le métro, j’étais assise à côté d’un jeune couple mixte. L’homme est noir, la femme blanche. En les regardant, le mot courageux m’est venu à l’esprit. Le monde est si infecté par le racisme et les discriminations en tous genres, qu’aimer une personne dont la couleur de peau est différente de la sienne relèverait presque du défi. Il faut affronter les critiques, les regards et les propos haineux, non seulement d’inconnus, mais aussi, souvent, de la famille. Nombreux sont les parents qui acceptent mal ou qui refusent catégoriquement que leur enfant ramène à la maison un autre « teint » que le leur ou une autre culture, allant jusqu’à couper les ponts avec leur progéniture, quand ce n’est pas l’inverse. Dramatique. Entre parenthèses, heureusement qu’il en va différemment dans d’autres foyers.
Si la peur de l’inconnu est compréhensible, haïr l’autre* sans chercher à le connaître ne l’est pas.
Pour moi, les couples mixtes sont plus que des amoureux. Ils représentent la victoire de l’amour sur la haine. Ces gens ont compris qu’on ne juge pas un être humain à la couleur de sa peau ; que derrière sa couleur, il y a une personnalité, un univers. Peut-être ont-ils côtoyé, dès leur plus jeune âge, d’autres cultures qui ont permis à leur esprit de s’ouvrir au monde. Peut-être considèrent-ils que nous sommes tous égaux et que le reste est secondaire. Ou peut-être sont-ils tout simplement attirés par l’inconnu. En tout cas, ils ont en eux la capacité d’accueillir la différence – si je puis utiliser ce mot – et de l’aimer, comme la facilité de dépasser les préjugés. Ils voient enrichissement et beauté où certains voient infériorité et nuisance.

Sur un plan plus large, les couples mixtes suivent – sans forcément s’en rendre compte – la dynamique du monde. Car qu’est-ce que le monde ? N’est-ce pas un ensemble de pays différents ? Un mélange d’origines, de langues et de cultures différentes ?
*L’autre désigne ici une personne d’origine étrangère.